Conclusion

Ocarina of Time, Majora’s Mask, Twilight Princess, Link’s Awakening, Skyward Sword… Issus de ces quelques jeux, les extraits musicaux que nous avons étudiés au cours de ce travail ne représentent qu’une infime partie de la richesse musicale dont disposent les seize opus de la saga The Legend of Zelda. D’autres thèmes auraient pu mériter leur place au sein de cette analyse, que ce soit les mélodies aux couleurs irlandaises de The Wind Waker et de Phantom Hourglass, ou bien les compositions châtoyantes de Mitsuhiko Takano pour The Minish Cap, ou encore les airs plus country de Spirit Tracks, sans oublier le macabre thème d’orgue de Ganon et celui plus solennel du château d’Hyrule qui comme la Berceuse de Zelda, sont quelques-un des éléments musicaux fondamentaux de la plupart des épisodes.

Pour autant, les exemples ici traités nous nous ont permis de démontrer comment la musique des jeux The Legend of Zelda a su évoluer avec le temps, s’adaptant toujours aux contraintes techniques des machines sur lesquelles elle a vu le jour (comme pour Link’s Awakening), gagnant en durée et en qualité sonore sur les opus de la Nintendo 64 que sont Ocarina of Time et Majora’s Mask et constituant une bande-originale intense et riche de sens dans Twilight Princess, où les variations autour de quelques leitmotivs ont su décupler l’immersion du joueur à travers son aventure au Royaume du Crépuscule. Cette étude a aussi contribué à mettre en lumière la place de choix qu’occupe la musique au sein même du mode de fonctionnement de ces jeux, et donc de leur gameplay, en étant utilisée comme moteur de scénario, à la manière de la Ballade du Poisson-Rêve, en pouvant être directement interprétée par le joueur via le héros en possession d’un instrument de musique (Ocarina du Temps, Lyre des Déesses), de même qu’en étant conçue pour suivre les actions du joueurs et accompagner en musique les émotions qui leur sont liées, de manière simple et linéaire ou au contraire tout à fait dynamique, s’adaptant au moindre changement dans les mouvements du héros à l’écran (Lac Faroria, bois Perdus).

Ces différents points nous permettent d’établir un rapprochement entre les musiques de ces jeux et celles de films ou d’oeuvres post-romantiques de la musique savante occidentale. Dans un cas comme dans l’autre, elles sont conçues pour mettre en valeur la trame scénaristique des histoires qu’elles accompagnent, ainsi que décupler les sentiments qu’elles engendrent. Mais The Legend of Zelda ajoute un paramètre fondamental à ce soutien musical vecteur d’émotion, car elle permet au joueur de devenir l’acteur de ces aventures, agissant non seulement sur l’univers proposé (ennemis, objets, personnages) mais aussi directement sur la musique, établissant de ce fait une savoureuse ambiguité entre musique diégétique et extradiégétique. Ainsi pouvons-nous dire qu’au-delà d’une simple série de jeux vidéo noyée au milieu d’un marché proposant chaque jour de nouveaux médias, la saga The Legend of Zelda possède une qualité et une inventivité musicale totalement originale, contribuant grandement à sa démarcation de bon nombre de ses congénères et pouvant alors recevoir le statut de véritable opéra interactif.

Triforce-Soundcloud

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